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1 septembre 2021

La Chaise Dieu - L'abbatiale

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Aujourd’hui, je vous propose de vous emmener vers une autre visite que j’ai effectuée durant mes vacances, La Chaise Dieu. Toutefois, je tiens à vous prévenir par avance que n'ayant pas trouvé où couper mon billet, celui-ci va être très looooong !

 C’est une commune française, située dans le département de la Haute-Loire, en région Auvergne-Rhône-Alpes, à quarante minutes de là où je m'étais posée.

 

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 Elle est célèbre pour l'architecture gothique de son abbaye. Un premier monastère est construit à partir de 1048, sous l'autorité de Robert de Turlande, en remplacement d'un ermitage datant de 1043. Le bâtiment est retravaillé de 1344 à 1350, pour aboutir à l'abbaye actuelle, à la demande de Pierre Roger de Beaufort (Clément VI), pape à Avignon, ancien moine dans les lieux.

 

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À l'intérieur de l'abbatiale se trouvent une fresque sur le thème de la danse macabre, une suite de douze tapisseries dont celle de L'Apparition du Christ à Marie-Madeleine, un orgue du XVIIe siècle et un jubé partageant le chœur en deux parties, l'une réservée aux moines et l'autre au peuple, 144 stalles. À l'extérieur, on peut voir le cloître, la chapelle des pénitents, les bâtiments conventuels autour de la place de l'Écho et de la place Lafayette, la Salle de l'écho et la ville médiévale.

Quand je suis arrivée à la cathédrale, j’ai ri de ce magasin qui proposait des blousons. Très bonne idée, même en été, car ce jour-là, à près de mille mètres d’altitude, il faisait douze degrés à dix heures du matin… Quel été !

 

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Saint Robert fut le fondateur de cette abbaye. Son père était le vicomte de Carlat et portait le nom de Seigneur de Turlande. Etant le cadet de la famille, il fut envoyé à Brioude pour devenir chamoine. En 1026, il fut ordonné prêtre. C'est en allant se confier à Notre-Dame du Puy, en 1043, que son ami Étienne découvre le plateau qui deviendra le lieu où ils s’établiront. Ils commencèrent par ériger une chapelle.

 

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Ils avaient coutume de donner aux nécessiteux tout ce qu’ils avaient et ils ne se réservaient rien pour leurs propres nécessités, mais les donnaient à ceux qui leur demandaient quelque soulagement. Après dix ans d’une telle vie, voyant l’affluence des personnes désireuses de l’imiter dans sa vie avec le Christ, Robert entreprend de construire un monastère. Les premiers bienfaiteurs sont les Turlande, les Mercœur, le comte d’Auvergne et son épouse Philippa de Gévaudan, entre autres. Quand il se lance dans cette nouvelle aventure, Robert a environ 50 ans.

Dès 1052, il obtient des privilèges de la part du pape Léon IX et du roi de France Henri Ier pour son abbaye qui devient une abbaye royale. Le Pape comme le roi et l’évêque d’Auvergne accordent en outre des droits sur des terres et des églises afin de pourvoir à la nourriture des moines.

Pour que la vie commune soit harmonieuse, ils choisirent de suivre la règle de saint Benoît et choisirent de servir Dieu en se vêtissant du froc d’un pauvre moine bénédictin, et vécurent  au rythme des offices qui ponctuent la journée et alternent temps de prière, temps de travail, temps de repos.

 

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 Pendant environ quinze ans, jusqu’à sa mort, Robert va arpenter le Massif Central pour restaurer des églises et monastères et en fonder d’autres. créa un système d’entraide entre tous ces monastères ou prieurés, les uns fournissant le blé quand d’autres produisaient l’huile ou le vin.

L’abbaye de La Chaise-Dieu devient très vite la deuxième abbaye après Cluny en Europe.

 Au milieu de tant d’activité, Robert n’aspirait cependant qu’à une chose : retrouver son Seigneur et jouir de sa présence. Il eut connaissance par une grâce divine du jour de sa mort le vendredi avant les Rameaux. Il redoubla de ferveur et prépara ses frères.

Il mourut le 17 avril 1067 selon la Gallia Christiana, en 1068 selon Dom Tiollier et d’autres auteurs.

À sa mort, « le bilanne laissait pas d’être impressionnant : une abbaye déjà célèbre, riche de vocations sinon de grands biens, sept importants prieurés parmi lesquels un vrai monastère, le Port-Dieu, et six « celles »auxquelles s’ajoutait le monastère des religieuses de Comps. Quant aux petits prieurés, ils étaient déjà nombreux : 27 en Livradois, 5 dans le reste de l’Auvergne, 1 en Limousin, 1 en Agenais, 1 en Lyonnais et 1 en Vivarais ».

Sa tombe se trouvait au seuil de son église abbatiale. Aujourd’hui sa pierre tombale est au niveau du jubé.

 

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Le jubé est cette construction en pierre qui divise l’église en deux parties bien distinctes. Jusqu’au concile de Trente (1545-1562) la quasi-totalité des églises en avait un. Avec le concile de Trente et la dévotion de plus en plus grande au Saint-Sacrement, les jubés ont été détruits. Si celui de La Chaise-Dieu existe toujours, il a connu de nombreuses modifications. Des encoches dans les piles montrent qu’à l’origine, il était beaucoup plus haut. Il a été abaissé au XVIIe pour permettre à l’orgue d’être mieux entendu du chœur. On peut voir les armes du cardinal Serroni sur la porte. Les balustrades à gauche et à droite ne sont pas en pierre mais en bois.

Un crucifix, daté de 1603, œuvre d’un moine de La Chaise-Dieu le surplombe encadré par des statues du XVe représentant la Vierge Marie et l’apôtre saint Jean.

Devant le jubé, à droite, se trouve l’autel de Saint-Robert surmonté d’un tableau sur lequel la Vierge Marie confie au saint son bâton d’abbé. Devant, la pierre tombale d’origine de saint Robert est simplement marquée d’une croix. Le trou dans la pierre permettait aux pèlerins de toucher les reliques du saint.

 

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L'orgue a la particularité d'être composé de deux buffets construits séparément et de styles différents.

En 1683 ont été réalisés la tribune et le petit buffet considéré à présent comme le buffet du positif. Le facteur en est inconnu. La tribune, située au-dessus de l'entrée principale et supportée par quatre atlantes occupe toute la largeur de la nef. Elle ainsi que sa balustrade et le buffet d'orgue de même origine sont richement sculptés. Cet ensemble avait été commandé par un abbé commendataire de La Chaise-Dieu. Mais l'orgue n'a pas été terminé.

Les travaux furent repris en 1726 par un facteur qui installa un nouvel instrument dans un buffet acheté d'occasion et installé derrière le premier et constituant ainsi le Grand Orgue. Ce buffet est moins travaillé que le premier, et d'un style différent.

Peu utilisé après la Révolution, au cours de laquelle, à tout le moins, les buffets n'ont pas été trop vandalisés, l'instrument se dégrade petit à petit, et différents projets de restauration n'aboutissent pas jusqu'à l'intervention en 1966 de György Cziffra qui fonde le festival de musique de la Chaise Dieu, permettant la renaissance de l'intérêt pour l'orgue. Celui-ci est classé aux Monuments Historiques en 1970, restauré une première fois dans les années 1970 et de façon plus aboutie dans les années 1990.

Il possède à présent 40 jeux sur quatre claviers manuels et pédalier à la française, configuration de l'instrument de Marin Carouge, les transmissions sont mécaniques, et le vent assuré par quatre soufflets cunéiformes.

Cet orgue est très adapté à interprétation de la musique française du Grand Siècle, ayant d'ailleurs servi pour de nombreux enregistrements par des organistes de renom.

 

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Après le jubé, on arrive dans la nef.

Au-dessus des 144 stalles de bois (qui accueillaient les chanoines), se trouvait une fresque sur le thème de la danse macabre, une suite de quatorze tapisseries flamandes, soit quatre-vingt mètres linéaires où se déroulent les scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament.

Elles ont été réalisées au début du XVIe siècle en fils de laine, lin, soie et fils métalliques. Commandées par l’Abbé de Saint-Nectaire en 1501, elles étaient initialement destinées à une accroche événementielle, lors de temps liturgiques. Accroché en permanence dans l’église abbatiale dès 1927. Cet ensemble a souffert de l’humidité, de l’exposition à la lumière, de l’empoussièrement et de l’effondrement de sa structure.  

Je me suis rendue en ces lieux afin de les voir, mais je n'ai pas pu y accéder, n'ayant pas de pass sanitaire. J'étais fortement déçue. Voici donc une photo du Net, à défaut des miennes... Sur un des murs de l'entrée de l'abbaye, j'ai  pu les voir en format papier, ce qui ne remplace, évidemment pas les vraies...

 

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En mai 2013, elles sont parties en restauration dans les ateliers Chevalier à Colombes (Hauts-de-Seine). Cette intervention minutieuse permet aujourd’hui la mise en valeur d’un trésor qui existait mais qui n’était pas visible.

Quatre étapes de restauration :
-   phase préparatoire : retrait des galons teintés avant nettoyage, dérestauration, tests de résistance au nettoyage
-   phase de nettoyage : par vaporisation d’eau sur table réservée à cet effet
-   phase de restauration : consolidation des tapisseries par l’apport de tissus de support et l’application de différents points de couture de fils mercerisés
-   phase de doublage des tapisseries, afin qu’elles puissent à nouveau être accrochées.

La redécouverte de la chapelle du Collège par Richard Goulois offre l’opportunité d’un espace parfaitement adapté au ré-accrochage des 14 tapisseries. Restauré dans un esprit de lisibilité de l’existant, le lieu allie interventions contemporaines et conditions optimales de conservation et de valorisation de l’œuvre textile.

Afin de livrer un bâti à l’atmosphère stable, l’architecte a engagé un dialogue constant avec les restauratrices pour déterminer chaque point précis de conservation préventive. Depuis le 11 juillet 2019, le nouvel accrochage à hauteur d’homme et l’éclairage subtil des tapisseries permettent aux visiteurs d’apprécier les détails de chaque scène, des visages aux costumes, de la botanique à l’architecture, du message moral à l’anecdote.

Le montant de la restauration s'élève à 300 000 € (part État : 50%) - Durée de l’intervention : 6 ans - Temps passé : 4 600 heures !

 

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Aujourd'hui, dans la nef, il ne reste donc plus que les stalles, fort belles au demeurant. Au centre, on peut voir le Gisant du pape Clément VI.

Pierre Roger est né à Rosiers d’Egletons (diocèse de Tulle) en 1292 d’une famille de petite noblesse. Il est le fils de Guillaume Roger, châtelain du château de Rosiers en Limousin et de Marie du Chambon.

En 1305, à l’âge de 10 ans, il devient novice à la Chaise-Dieu. Destiné à la vie monastique, il est surtout remarqué par sa prodigieuse mémoire, ses facilités d’expression et la justesse de son jugement. L’abbé de La Chaise-Dieu, Hugues d’Arc, l’envoie étudier à la Sorbonne en 1307, alors qu’il n’a encore que 15 ans.

Il y fait des études de philosophie, de théologie et sans doute de droit. Il est fait docteur en théologie en 1323 avant d’avoir achevé le curriculum complet. Ordonné prêtre, il se fait remarquer pour ses talents oratoires. Nommé Proviseur à la Sorbonne, il y enseigne jusqu’en 1327.

En 1327, il quitte l’Université et commence une carrière épiscopale : évêque d’Arras, puis de Sens, enfin archevêque de Rouen, il est nommé cardinal en 1338. Parallèlement, il exerce des fonctions de Garde des Sceaux et de Président de la Cour des Comptes auprès du roi Philippe VI de Valois.

Élu Pape en 1342 en Avignon, il prend le nom de Clément VI. Il entreprend la reconstruction de l’abbatiale afin d’y être inhumé. Il meurt après un pontificat de dix ans. L’abbatiale est presque terminée et il y est enterré en avril 1352.

Le tombeau de marbre noir était à l’origine entouré de quarante-six statuettes, personnages en albâtre représentant des parents du pape Clément VI. Ce socle supporte un gisant de marbre blanc. Le tombeau a été sculpté par Pierre Boye en Avignon de 1346 à 1351. Pierre Boye appartenant à l’atelier de Jean Pépin de Huy, travaillait avec Jean de Soignoles et Jean David pour le pape Clément VI.

Le souverain pontife est représenté avec ses habits sacerdotaux : aube, étole, chasuble et coiffé de la tiare, cette triple couronne que les papes ont portés jusqu’à Paul VI. De nombreuses significations sont données à cette coiffe dont celle-ci :

  • terrestre : il est le chef des États pontificaux
  • religieux : il est le premier des évêques, successeur de l’apôtre Pierre
  • « expert en humanité ».

Ses pieds reposent sur deux lions à l’origine dorés, symboles de son autorité.

Un texte conservé aux Archives vaticanes a permis de dresser la liste des personnages entourant le pape. Ces quarante-six personnages étaient répartis seuls ou en groupe dans des niches sur le soubassement du tombeau et six statues en ronde-bosse étaient sur la table supérieure autour du gisant. En 1562, lors de l’attaque des Huguenots, le tombeau fut profané, le gisant et les statues brisés. Les mauristes ont pu reconstituer le gisant mais il ne reste que cinq fragments des statuettes. L’un, retrouvé lors de travaux dans le cloître, était présenté à La Chaise-Dieu par les Amis de l’abbatiale dans la salle du Trésor aujourd’hui fermée. Un second est conservé dans collection privée. Ces deux fragments complètent les trois autres conservés au Musée Crozatier.

 

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En sortant de la nef, par le côté droit, on tombe sur "La danse macabre" du XVe siècle.

La mort était particulièrement présente au XVe siècle. Les pestes et les guerres (guerre de Cent Ans) décimaient la population qui allait, en Europe, être réduite de moitié entre 1350 et 1450. L’Église faisait de la préparation à la mort un sujet de réflexion très important. L’art de cette époque en porte la marque, qu’il s’agisse des poèmes (François Villon), des jeux scéniques dans les églises, des peintures et sculptures.

Le thème de la danse macabre, illustré pour la première fois au cimetière des Saints-Innocents à Paris au début du XVe siècle, vise à montrer l’égalité de tous devant la mort et son inexorabilité. Il est illustré par des personnages squelettiques entraînant vers la mort des vivants, puissants de ce monde ou hommes du peuple, religieux ou laïcs.

A La Chaise-Dieu, les morts ne sont pas des squelettes, mais plutôt des transis avec la peau sur les os ; les morts dansent et se livrent à de nombreuses facéties. Les vivants, au nombre de 24 sont répartis en 3 panneaux, les puissants, les bourgeois et le peuple. Entre eux, peints sur des piliers, se retrouvent des personnages expliquant le thème : Adam et Ève sur le premier, un prédicateur sur le premier et le dernier. En-dessous un espace était réservé à un texte, message catéchétique ou poème.

La peinture s’étend sur 3 panneaux et 4 piliers.

On a longtemps hésité pour affirmer que l’œuvre sur les panneaux et celle sur les piliers était du même artiste. La référence commune à la fresque du cimetière des Saints-Innocents et l’observation précise des pigments permettent de l’assurer, mais cet artiste reste inconnu.

Le caractère inachevé est évident, même si certains pensent qu’il n’y a que dégradation. Didier Legrand qui fut le dernier restaurateur de la fresque se demande au contraire si l’artiste ne l’a pas voulu dans cet état d’inachèvement.

L’œuvre est difficile à dater avec précision. La plupart des vêtements sont contemporains de Jeanne d’Arc ; il est donc possible que les panneaux aient été réalisé autour de 1450, ce qui ferait de cette fresque la plus ancienne Danse macabre retrouvée en Europe. Par contre, même si les pigments sont les mêmes, il semble que la peinture sur les piliers soit plus tardive, vers 1490. En effet, l’étude récente faite par Madame Laurence Riviale, Maître de Conférence en histoire de l’art à l’Université de Clermont-Ferrand II, et présentée au colloque organisé par le Réseau des sites casadéens en juillet 2011, montre que les transis que l’on devine sur les piliers seraient inspirés par le Dit du Mors de la Pomme et non par le poème de la fresque du cimetière parisien des Saints-Innocents, source de notre fresque.

Des retouches, plus tardives, ont été faites : d’une part, il est difficile d’expliquer la présence d’une vielle à roue sur un bâti en forme de luth : ils étaient plats au XVe siècle et cette forme ronde n’est apparue qu’un siècle plus tard ; d’autre part, certains personnages ont été retouchés au fusain, avec des traits plus gras.

L’œuvre, à l’extérieur du chœur, était destinée aux pèlerins, plutôt qu’aux moines. L’artiste a fait montre d’une élégance et d’une vivacité dans le dessin tout à fait remarquable et qui permet de le comparer à des artistes du XXe siècle. Les personnages peins dans les danses macabres suivent un ordre assez conventionnel, révélateur des hiérarchies sociales de l'époque, avec une alternance de religieux et de laïcs et une quasi-absence de femmes. A la Chaise Dieu, en alternance avec les vivants, la mort est représentée non par un squelette, mais comme un "transi", personnage avec de la peau sur les os.

La fresque se lit de gauche à droite.

Le premier panneau représente les puissants ; le deuxième, les bourgeois, et le troisième, le peuple.

 

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Dans le collatéral nord, sous la fresque de la Danse macabre, deux tombeaux sont présents. Ils ont subi d'importantes mutilations.

Le premier tombeau, couvert d'un gisant en marbre blanc, représente un abbé mitré et passe pour appartenir à Jean de Chandorat, abbé de la Chaise-Dieu pendant 24 années puis évêque du Puy, décédé en 1356. Un second tombeau, reconstruit au XVIème siècle ou après la révolution avec les fragments d'autres tombeaux se situe au-dessous d'une fresque, elle aussi inachevée, datée du XVème siècle, représentant la Vierge Marie.

Le gisant représente une femme, les mains jointes, la tête reposant sur un coussin parsemé d'écussons aux armes de la famille de Vichy. Une tradition ancienne voulait que ce tombeau soit celui de la reine Edith d'Angleterre. Plus raisonnablement, cette sépulture pourrait être celle de Smaragde de Vichy, mariée à Morinot de Tourzel, seigneur d'Allègre en 1387.

Entre ces deux tombeaux, on découvre un bloc de pierre mesurant, environ, deux mètres de long. Cette pierre, connue sous le nom de « pierre d'exposition », servait à laver puis à exposer le corps des moines décédés. Au fond de ce collatéral, une peinture murale, dont il ne reste que quelques traces, représente le Jugement Dernier. Seuls quelques détails de la gueule du Léviathan qui engloutit les âmes impures, coloré de rouge et de noir, sont perceptibles.

 

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Dans le collatéral sud, on découvre un troisième tombeau dont l'enfeu est composé de médaillons sculptés d'anges musiciens. Cet ensemble est plus connu sous le nom de « tombeau des musiciens ». Bien qu'il n'y ait aucune preuve, il est attribué à Reginald de Montclar, abbé de la Chaise-Dieu de 1342 à 1346. Aux dires de plusieurs chercheurs, ce tombeau aurait été réédifié avec des fragments de deux tombeaux jumeaux. Lors de récents travaux, un gisant, daté du XIVème siècle, représentant un évêque, fut mis au jour.

 

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Dans la maison de Dieu (la Casa dei), la mort est finalement bien plus familière qu'il n'y paraît. Sous les hautes voûtes gothiques, dans la pénombre et un silence monacal, tout semble reposer en paix pour l'éternité.

 

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Ici se termine la visite de l'abbatiale d la Chaise Dieu. Une fois n'est pas coutume, j'ai utilisé diverses photos du Net, les miennes n'étant pas terribles. J'avais tellement froid ce jour-là que j'en tremblais et de nombreux clichés étaient flous...

Nous reviendrons à la Chaise Dieu, pour un billet un peu moins éducatif, et peut-être un peu moins long (merci de votre patience !)...

 En attendant, plein de bisous

 

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26 août 2021

Le Château d'Artias

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Nous sommes fin août, et je n'ai toujours pas fini de vous parler de ce que j'ai vu durant mes vacances. Alors, je continue, une manière pour moi de les prolonger encore un peu.

Comme j'étais à Retournac, j'ai eu envie de prendre de la hauteur à cinq kilomètres de là.

 

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Le château d’Artias

 

Assis sur un bloc basaltique à 723 mètres d'altitude, le château d'Artias est déjà connu au Xe siècle, et est donc l'un des plus anciens du Velay19. Il est propriété de l'évêque du Puy en 1165 (confirmation faite par le pape Alexandre III), puis des seigneurs de Roche-en-Régnier à partir de 1267, des Lévis-Lautrec de 1344 à 1463, de la Maison de Bourbon (1453 - 1582), des Lévis-Ventadour (1582 - 1661), de la Famille de Nerestang (1673 - 1730), de la famille Jourda de Vaux (1730 - 1789)20. Il est abandonné après la Révolution, acheté par un carrier qui le désosse pour en récupérer les matériaux. Il en reste aujourd'hui quelques ruines.

L'ancienne chapelle du château semble bâtie au début du XIIe siècle, placée sur une des lignes de remparts et pouvant le cas échéant servir d'ouvrage défensif, dotée de meurtrières. Elle avait jusqu'en 1793 le titre d'église paroissiale21. Elle est aujourd'hui à l'abandon.

Des aménagements sont réalisés au fil du temps, tels des logis au XVème siècle et un campanile au XVIème siècle.

La forteresse appartient à différentes familles jusqu'à la Révolution.

 

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Ce sont des ruines d'un château qui se méritent, car ça grimpe pas mal pour y aller !

 

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A mi-chemin, on tombe sur une petite place, où se trouve un écomusée. Les activités de l'association "les amis d'Artias" consistent à entretenir le site, à l'embellir, à pratiquer des aménagements autour du cimetière, du four à pain, à décaisser des puits, à protéger les vestiges, organiser les visites guidées et animations (chasse au trésor, aux oeufs, chorales), des expositions diverses, conférences, et à animer la fête annuelle en Aout (chants, danses, pièce de théâtre, le  médiéval,...). Tout ceci dans le but de faire connaitre et promouvoir le site.

 

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La Maison d'accueil avec les objets retrouves lors de fouilles ainsi que ceux venus de la grotte de Cottier (1800 ans avant JC).

 

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On y trouve aussi des objets de la vie quotidienne de nos anciens.

 

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Le sol est fait de pierres montées en "calades". Le puits est à 'intérieur, afin d'éviter que l'eau ne gèle en hiver où il fait souvent des moins quinze degrés.

 

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Sur la table, le pot en terre cuite est l'ancêtre du climatiseur. On y mettait de l'eau chaude à l'intérieur, et par évaporation, cela donnait de la fraîcheur.

 

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Il est temps de monter au château, dont il reste peu de choses.

 

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Fantastique nid d'aigle pyramidal, dominant le Loire, les vestiges du château d'Artias et sa chapelle, défient le temps et veillent depuis plus de dix siècles sur les habitants de la vallée. Ce castel est un des plus anciens du Velay, son origine se perdant dans la nuit des temps. Les premiers seigneurs du site apparaissent en 986. A la Révolution, il a abrité de grandes familles nobles, proches du trône de France et conservé précieusement le secret d'assassinats, de complots, de rencontres illicites, de dévastations et de pillages. L'héritage demeure ainsi et certains soirs, une "dame blanche" hanterait l'enceinte du château.

 

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La religion tenant une place importante dans l'histoire du Moyen-Age, le château avait sa chapelle (consacrée à Saint Denis), qui devint, avant la Révolution siège d'une paroisse. En 1402, le Roi de France, Charles VI donne le droit au seigneur de tenir deux fois par an, une foire au château. La chapelle du XXII° siècle, avec ses arcs de décharge, chapiteaux et campanile du XVI° siècle étaient de style roman. Il semble qu'elle fut placée sur une des lignes de rempart pour servir d'ouvrage défensif. Dans le mur septentrional, à un mètre au-dessous de la toiture, sont pratiquées des petites meurtrières de forme rectangulaires dirigées sur le chemin d'accès du château. Aujourd'hui, il ne reste que des ruines et la porte d'entrée, refaire pendant la période du XVI° - XVII° siècle.

 

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Du haut des tours, un point de vue majestueux embrase le Pays des Sucs, et domine le Val de Loire qui s'engage entre Camalières et Retournac. La vue à trois-cent-soixante degrés est magnifique !

 

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La visite est terminée. Il est temps de retrouver la voiture.

 

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C'était une visite agréable (sauf au moment de la descente, car je n'avais vraiment pas les chaussures adaptées).

Si ces lieux pouvaient parler, ils nous en diraient des choses !

 

Je vous fais plein de bisettes.

 

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21 août 2021

Les métiers mécaniques, les productions et l’exposition temporaire

4ème partie (1)

 

Les ateliers mécaniques :

 Nous finissons la visite, au rez-de-jardin, dans des odeurs de lubrifiants d’autrefois, on peut observer des machines du début du XXe siècle récupérées dans les années 1980.

  L’atelier de dentelle aux fuseaux mécaniques est installé dans la fabrique de dentelles Calire Experton & Cie en 1984. Ses métiers sont de fabrication locale ou allemande et datent pour la plupart des années 1920-1930/ La fabrique ferme définitivement en 1997.

La dentelle mécanique concurrence la dentelle main dont elle imite les points, notamment dans son importante production de métrages étroits. Dans les années 1920, se développe une production originale de dentelles de style Art-déco. Des champs particuliers sont ensuite investis : fabrication des bigoudis, des filets à saucisson, des dessus de chaussures. Si la plus grande partie de la production française de dentelles mécaniques se fait aujourd’hui dans le Nord, les entreprises de Haute-Loire fournissent des couturiers de prêt à porter et de haute couture, en France ou à l’étranger.

Les métiers circulaires fonctionnent sur un principe de tresse (et non de tissage comme la plupart des machines textiles). Le mouvement des fuseaux entrecroise les fils. Les déplacements sont commandés par la mécanique Jacquard et ses cartes perforées. Au centre du métier, les crisements sont serrés par des couteaux battant régulièrement. La dentelle sort en tube refermé par des fils colorés provisoires. Les sept m&tiers présentés ici sont installés sous la conduite de Daniel Vidal, des mécaniques Vidal.

On trouve des métiers à dentelle mécanique de 112, 88, 60, 48,44 et 40 fuseaux. Sur les mises en cartes, les modèles de dentelles sont transportées à la technique mécanique : chaque point ou croix correspond au déplacement d'un fuseau. L'adaptation d'un dessin de dentelle à la mécanisation est assez difficile, la mise en carte nécessissant un apprentissage technique particulier. En conséquence, certains ateliers fonctionnaient avec un stock de mises cartes acquis en même temps que les machines. Les machines à perforer les cartes sont nommées "piano". Une par une, les bandes de carton sont introduites sur un chariot mobile actionné par une pédale. La perforation est commandée par des touches et se fait en suivant la mise en carte affichée sur le haut piano.

"L'échelle" est une structure métallique qui reçoit les lames de carte Jacquard à la mesure de leur perforation sur le piano. Une fois qu'elle est remplie, les lames perforées sont cousues ensemble.Chaque rouleau correspond à un modèle facilement identifiable grâce à l'échantillon de dentelle qui dépasse.

Au centre du métier, le dentelle se forme autour du mandrin cylindrique. Leur taille varie en fonction de la largeur de la dentelle.

 

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Ici figurent quelques pièces résultantes de ces mécanismes, dont des bigoudis réalisés en fils plastique.

 

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Les productions :

Tout au long du XIX° siècle, la dentelle est surtout destinée à l’habillement. Par ailleurs, le linge liturgique reste une production régulière jusqu’aux années 1960.

Dès 1880, les fabricants s’orientent vers l’ameublement (nappes, stores, dessus de lit…). Ce linge dit « anglais » est exporté dans l’Empire colonial britannique et aux Etats-Unis, jusque vers 1930. La dévaluation de livre sterling et l’augmentation des droits de douanes à l’exportation conduisent à l’effondrement du marché.

En France, la mode est à la dentelle style Art-déco mais le marché du linge anglais étant perdu, de nombreux fabricants ferment leurs portes. D’autres se tournent vers de nouvelles productions de linge de maison utilisant des motifs de fleurs des champs. Cette mode cesse dans les années 1960. Aucun style ne prendra la relève par la suite.

 

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Plus loin, l'exposition de Karine Proriol, dont l'œuvre a démarré et clôture maintenant ces billets sur le musée de la dentelle de Retournac. Au passage, on peut voir l'évolution des vers à soie, de l'œuf au cocon.

 

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Puis les oeuvres de l'artiste à base de cocons de vers à soie

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Un grand cercle de cocons dessine dans l'espace la mécanique circulaire des métiers à dentelle. La succession des fils forme un dôme blanc en convergeant vers le centre, en évoquant la géologie étonnante de cette région volcanique, mais aussi la beauté simple et architecturale des métiers à tisser. Au sommet apparait le ruban de dentelle qui s'élance. C'est une installation très fragile, délimitée par des bouts de dentelle à ne pas dépasser.

 

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La visite est finie.

En résumé, Tous les registres, carnets, répertoires, courriers de l'entreprise avaient été laissés sur place. Ont même été retrouvées, des lettres envoyées par des grossistes de Sydney".

"L'image ringarde de la dentelle du Puy, des napperons sur la télévision, et le côté folklorique des dentellières, avec leur coiffe et leur châle, ont occulté la réalité de la mondialisation du commerce".

 Les dentellières travaillaient chez elles, maniant, agenouillées dans la paille, les fuseaux de bois sur leur carreau, sorte de coussin à armature de bois, rembourré de paille et protégé par une toile cirée. Les manufactures passaient commandes et fournissaient modèles et fils.

Dans l'atelier de la manufacture, des dessinateurs concevaient les modèles, et des ouvrières assemblaient les vêtements et le linge de table ou liturgique qui étaient expédiés d'abord à dos de mulets, puis en train et en bateau à travers l'Europe et dans le monde.

 En 1997, la mairie de Retournac a racheté une deuxième manufacture, "Claire Experton et Cie", dirigée par la soeur d'Auguste. Le bâtiment, agrandi, est devenu le Musée des manufactures de dentelles. Sur 1 200 mètres, quelque 2 000 pièces y sont exposées. Elles proviennent pour l'essentiel de la manufacture d'Auguste Experton, trop petite pour être transformé en musée.

Le sous-sol, entièrement refait, sert de réserves. En dix ans, un quart seulement du fonds de la manufacture de dentelles a été inventorié.

A la sortie, se trouve une boutique avec de bien jolies créations.

 

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Tout autour, de la dentelle dans tous ses états, et notre hôtesse qui préparait ses fuseaux pour un travail qui vient de loin.

 

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Il est temps de quitter le lieu, après ce billet bien long, je l'avoue.

 

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J'espère que cet endroit magique vous aura plu autant qu'à moi.

 

Bisous tout plein !

 

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20 août 2021

Le grand atelier - 3

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Aujourd'hui, nous terminons la visite du grand atelier du musée de la dentelle à Retournac.

Toujours entourée de dentelles, de modèles, j'en viens aux dessinateurs.

Cette quatrième section est consacrée au travail créatif des dessinateurs en dentelles (18 000 dessins sur calques, 200 études à la gouache pour des motifs de châles de cachemire, etc.), avec l’abondante documentation qu’ils réunissaient comme base de travail pour leurs créations.

 

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Le dessinateur de dentelles puise son inspiration dans la vie quotidienne (magazines, revues, motifs décorant des objets de tous les jours). Divers documents d’art décoratif peuvent également être consultés ou acquis par le fabricant (planches de motifs ornementaux, dessins de fleurs, albums d’échantillons textiles). Il peut aussi faire appel à un créateur indépendant, qui lui vend ses modèles. Les grands ateliers, comme Claire Experton & Cie, embauchent un dessinateur attitré, le piquage et le crayonnage des cartons étant alors confié à un deuxième employé.

 

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Nous avons fait le tour de cette immense salle. La dentelle au fuseau a pris une grande place dans la ville de Retournac. A ce jour, même si les fabriques ont fermé, l'art de la dentelle aux fuseaux n'est pas mort. Pour preuve, la renaissance des centres traditionnels comme celui du Puy-en-Velay ou de Bayeux. Des initiatives individuelles ou associatives comme celle de l'Écomusée du Lac d'Annecy à Sevrier, permettent également de présenter et de transmettre ce savoir-faire au travers de cours, de stages, d'expositions, de salons... Ils s'inscrivent alors dans une tendance qui se confirme au fil des ans et vise à redonner toutes ses lettres de noblesse à la dentelle, en puisant aux sources ancestrales de cet art de quoi alimenter et vivifier la création contemporaine.

 Depuis 2000, la Société des Amis du Musée réédite des modèles anciens des collections du Musée des Manufactures de Dentelles. Le musée conserve plusieurs fonds de fabriques de dentelles de Retournac, avec une grande quantité de dentelles. Les modèles sont présents sur les cartons fournis aux dentellières, d’autres sur des calques ou simplement sous forme d’échantillons de dentelles. Pour valoriser ce fonds de modèles et le rendre accessible à tous, il était nécessaire de redessiner ces modèles.

Ils sont redessinés par Catherine Guilhermet, dentellière professionnelle au Musée, parfois même déclinés pour fournir des angles ou des motifs. Le dessin est ainsi précis et bien souvent accompagné de schémas. Les modèles sont fournis à la taille d’origine, imprimés sur un carton de qualité, prêt à l’emploi, comme les dentellières à domicile les recevaient par la leveuse ou le patron de la manufacture. Les modèles sont proposés par pochette rassemblant environ 5 modèles, avec des niveaux de difficultés variés et des styles différents. Chaque modèle est accompagné d’une fiche historique car ces dessins font parti d’une histoire, d’un patrimoine.

 La Société des Amis du Musée des Manufactures de Dentelles est une association créée en 1996 pour soutenir le projet de Musée. Elle a pour objet de « donner son appui au musée, de contribuer à l’enrichissement des collections, à l’amélioration de ses aménagements, au développement de son rayonnement auprès du public en France et à l’étranger ».

 Ses actions :

    Le Couvige (réunion traditionnelle de dentellières.): tous les samedis après-midi, les dentellières se retrouvent pour faire ensemble leur dentelle, partager, s’entraider, papoter…

    Des démonstrations : le Couvige participent à de nombreuses manifestations, dentellières ou non, pour montrer le savoir-faire de la dentelle aux fuseaux à la main.

    Les membres de l’association sont présents pour soutenir l’équipe du musée lors de diverses manifestations : expositions, Journées du Patrimoine, Nuit des Musées, etc.

    L’association réédite des modèles anciens issus des collections du musée. Elle organise 3 fois par an des ateliers pour accompagner les dentellières dans la réalisation de ces modèles.

    L’association a publié plusieurs ouvrages disponibles sur cette boutique.

    Ponctuellement, l’association contribue à l’achat d’objets pour l’enrichissement des collections, en accord avec l’équipe du Musée.

 

Il nous reste à emprunter les escaliers pour descendre et finir la visite.

 

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A bientôt ! Bisous !

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19 août 2021

Le grand atelier - 2

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Nous voici de retour dans le grand atelier du musée de la dentelle à Retournac, pour la deuxième partie de la visite.

Ici, une autre armoire à clapet qui réveille des souvenirs de dentelières.

 

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Puis on arrive à la partie finition. Quand la dentelle s'associe aux tissus pour devenir, entre autres, du linge de maison.

 

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Après quoi, il faut bien passer à l'emballage des produits finis, avec les boîtes et étiquettes correspondantes.

 

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Les anciens livres de comptes sont encore là.

 

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Que serait la vente sans la publicité ? Ce fut pour moi la plaisir de regarder ces anciennes revues ventant la marchandise.

 

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Les étiquettes et cartes de visite des manufactures, avec la sacoche du commercial.

 

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La dentelle n'existerait pas sans le piquetage et le crayonnage. En effet, on part d'un dessin qu'on reproduit sur du papier calque, qu'on pose sur un carton afin de piquer chaque endroit où les fils se rejoignent. On place ensuite le carton sur le carreau afin de réaliser la dentelle selon le modèle.

 

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Toutes ces œuvres n'existeraient donc pas sans les dessinateurs. Mais ce sera pour la fois prochaine...

 

Bizzzzz

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18 août 2021

Le grand atelier - 1

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Prenons les escaliers pour visiter le grand atelier du musée de la dentelle de Retournac.

 

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On arrive dans une immense salle aux fenêtres masquées par des rappels de cartes de brodeuses. Ici se trouvent plusieurs vitrines et présentoirs.

 

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Je vais scinder ce billet en trois, ayant fait une multitude de photos dans cette pièce. Je vais donc commencer par l’arrivée des dentelles à la manufacture, puis je continuerai par l’échantillonnage, le crochetage (assemblage), avant de finir par une armoire à clapets qui s’exprime, et les machines à coudre pour l’assemblage. Sans oublier de fureter dans les vitrines ou de nombreuses dentelles anciennes sont exposées.

Les vitrines de cette période montrent que la maîtrise est à un très haut niveau avec des dentelles faites de fils d’un diamètre inférieur à celui d’un cheveu, avec des copies des plus belles pièces anciennes ou le développement de la dentelle en fils métalliques. 

Le grand atelier rassemble la collection complète de la maison Experton. L’on découvre alors le métier, le matériel et les registres de la leveuse qui collectait les dentelles pour le compte des fabriques. Elle répartissait les commandes auprès des ouvrières, leurs fournissant les cartons modèles et les fils.

 

 

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Les leveuses collectaient les dentelles pour le compte des fabriques, moyennant 5 à 10 %. Elles répartissaient les commandes auprès des ouvrières, leur fournissant les cartons modèles et les fils. Elles étaient dentellières, commerçantes ou paysannes.

 

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Dans les casiers de cette grande armoire, on peut lire des messages d’anciennes dentelières ou trouver des objets qu’elles ont légués au musée.

 

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Dans une vitrine, des centaines de dentelles anciennes qui ont été fabriquées par les ouvrières du village.

 

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Dans la manufacture, on faisait tout sauf de la dentelle. Les dentellières à domicile s’y procuraient le fil nécessaire à la réalisation des dentelles qui étaient ensuite mises en forme a sein de l’atelier et commercialisée (pièces de linge de table, d’ameublement, dentelles au mètre, motifs et empiècements vendus au détail..). La création des dessins de dentelles se faisaient à la manufacture. Les cartons modèles étaient dupliqués, puis distribués aux dentellières.

En 1920, plus de 3 000 dentellières à domicile et 150 ouvrières en atelier travaillaient pour les six manufactures du bourg. Retournac était alors un grand centre de production de dentelle, avec le Puy-en-Velay, Craponne-sur-Arzon. Dans les années 1950-1960, la société s’est modernisée, la mode écartant la dentelle du vêtement, comme de l’ameublement. Les fabriques voient leur chiffre d’affaire décroître progressivement. Claire Experton & Cie (aujourd’hui le musée) sera la dernière à fermer en 1997, après s’être spécialisée depuis les années 1980 dans la production de dentelles mécaniques.

 

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Les barrières empêchant de toucher les machines à coudre sont de dentelles… Deux rangs de machines à piquer, et une grande table de travail qui ferait rêver toute couturière !

 

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Des dentelles, du fil, des échantillons. Je suis dans mon élément...

 

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Je vous laisse ici, vous donnant rendez-vous pour la suite très rapidement

Bises

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15 août 2021

La dentelle du Puy dans les familles et dans la religion

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Reprenons la visite des 1 000 m² du Musée de la Dentelle de Retournac.

La dernière fois, nous avons vu la dentelle au travers des siècles en Europe. Aujourd’hui, nous traversons une salle où plusieurs vitrines nous montrent la dentelle dans les familles et la religion. Les photos ne sont pas top, mais difficile de faire mieux avec les vitres qui protègent tous ces trésors.

De nombreux témoignages écrits de dentelières accompagnent leurs œuvres et leur matériel, ainsi que d’anciennes photos.

 Ces femmes apportaient un salaire d’appoint fluctuant, en fonction du marché. En raison du travail agricole, l’activité avait tendance à se concentrer sur les mois creux de l’hiver. La dentelle était payée à la pièce, sa rémunération variant considérablement selon la complexité des modèles et le temps consacré à l’ouvrage.

En 1910, une dentelière gagnait entre 25 et 130 € par mois (montants ramenés en valeur 2008). A la suite de la crise de 1929 et de la dévaluation monétaire de 1931, les salaires se sont effondrés et de moins en moins de jeunes femmes se sont formées à la dentelle, préférant travailler en usine lorsque c’était possible. Pour beaucoup, la dentelle faite à temps perdu offre un peu d’argent liquide pour l’achat d’un chapeau, d’une paire de chaussures ou du café et sucre pour le mois. En 1943, sur le secteur de Retournac, le revenu moyen d’une dentellière est de seulement 15 € par mois.

Plus anciennement, les dentelières étaient  payées au tour de carte, une plaquette en bois, souvent travaillée. Bien entendu, plus elles faisaient de tours, plus elles perdaient en rémunération…

 

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La Haute-Loire est alors le haut lieu de l’activité. La seconde section, ethnographique, retrace le quotidien des dentellières à domicile. Une collection comprenant, carreaux, chauffe-pieds, éclairage à la bouteille, plioir ou les bobinettes, épingles de toutes sortes, fuseaux, échantillons de dentelle, sont ainsi présentés au visiteur.

 

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Les offrandes de dentelles étaient courantes et pouvaient être destinées à l’ornementation de l’autel dans l’église de la paroisse ou dans une de se chapelles. Les dentelières travaillaient parfois à la création d’un manteau ou d’un devant d’autel pour la vierge Marie.

 Les côtés des carreaux, dits « zaouta » en patois (joues) ; étaient souvent ornés d’images pieuses, broderies, clinquants métalliques cousus et recouverts d’un film en celluloïd ou corne.

Les personnes qui portaient la coiffe étaient appelées des béates. C’étaient des femmes pieuses ayant prononcé des vœux et fait le choix du célibat. Mises en place au XVII° siècle, cette congrégation dite des « Demoiselles de l’instruction » est spécifique à la région du Velay. Les béates avaient en charge l’éducation morale et religieuse des enfants et des jeunes filles. Bien qu’elles n’aient pas eu pour rôle l’apprentissage de la dentelle, certaines ont assisté au besoin des dentellières qui se réunissaient dans la maison d’assemblée. A partir de 1880, avec les lois Jules Ferry, les béates ont été remplacées par les instituteurs et les maisons d’assemblées souvent transformées en écoles laïques.

 

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Le trousseau était la principale dot de la jeune fille. Il était constitué de draps ; taies d’oreillers, chemises, culotes, une couverture piquée, une couverture en laine, un édredon, des torchons, mouchoirs, nappes, serviettes de toilette. L’argent de la dentelle permettait aux ouvrières d’acheter la toile nécessaire à la confection de leur trousseau. De ce fait, la machine à coudre était une acquisition coûteuse mais importante pour les femmes.

 

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Pour préserver la blancheur du fils, au début du XX° siècle, Jacques Cottier, fabriquant à Craponne-sur-Arzon, invente un fuseau évidé, destiné à contenir une bobine. Ces fuseaux resteront peu utilisés, car plus chers et plus fragiles que les traditionnels, certaines dentelières ne s’habituant pas à leur forme.

Les bobines de fuseaux sont fabriquées à partir du bois de houx (arbuste au bois solide et léger), de cerisier, d'acajou, d'ivoire, d'os, d'écaille de tortue, etc. Traditionnellement, la poignée des fuseaux a une forme de quille pour mieux l'attraper avec les mains.

 

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Ici se termine la visite de la deuxième salle du musée de la dentelle de Retournac, qui met à l’honneur toutes ces petites mains anonymes.

 La prochaine fois, nous visiterons le grand atelier, si vous le voulez bien.

Bisous, à très vite

 

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13 août 2021

L'aventure de la dentelle du Puy - Retournac

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Mes vacances ont surtout tourné autour de la dentelle, qui vous le savez, est une de mes passions. J’ai visité trois hauts lieux retraçant son histoire. Le premier est celui de Retournac.

 

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Je tiens à préciser que ce billet va être long et très explicatif. Pour les personnes qui ne veulent pas perdre leur temps, les images devraient vous suffire à découvrir la majesté des dentelles du Puy-en-Velay. Pour les autres, je vous remercie d’avance de lire en totalité cet article qui m’a pris de nombreuses heures de rédaction.

 

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Avant de démarrer, il est bon de se poser une question : comment est née la dentelle aux fuseaux ?

L'origine de la dentelle aux fuseaux remonte à la nuit des temps... Des fouilles ont mis au jour des dentelles fabriquées il y a 2 000 ans à Menphis et Antinoë, en Égypte... En Belgique, c'est une femme de pêcheur qui créa, dit-on, la première dentelle en passant des fils dans les mailles d'un filet. A Venise, une jeune fille essaya d'imiter un corail des mers du Sud appelé "dentelle des fées". A Bruges, la Vierge en aurait révélé le secret à une jeune fille et Sainte Brigitte, influencée par la dentelle italienne en aurait rapporté l'idée en Suède.

 Mais ce sont les grands pèlerinages de Saint Jacques de Compostelle, favorisant un échange artistique et économique sans précédent, qui permettront aux artisans arabes, héritiers des dentelliers égyptiens de transmettre leur savoir. Ainsi, l'histoire de la dentelle aux fuseaux, en France, ne peut se dissocier de celle de la cité du Puy-en-Velay (elle-même ville-étape de l'illustre pèlerinage) et depuis fort longtemps : une fresque du 11e siècle reproduisant un rideau de dentelle atteste de l'ancienneté de la dentelle vellave.

 La Dentelle du Puy a une origine si ancienne qu'elle est légende comme les dentelles de Venise ou de Bruges. La dentelle aux fuseaux, patrimoine prestigieux est inscrite dans la liste des métiers d'art français au Ministère de la Culture.

"Au XVIIIème et XIXème et jusqu'à la première moitié du XXème siècle,  les dentellières "faisaient couvige" (réunion de dentellières) dans les villages de Haute-Loire.

Elles s’installaient à la belle saison près de la montée d’une grange, et l’hiver venu, dans la maison de la Béate.

Afin d'être à l'abri du vent et du soleil et afin de protéger leurs dentelles, sur un fond de cliquetis de fuseaux, en bavardant, chantant ou priant, les dentellières en "couvige" croisaient leurs fuseaux avec rapidité, conscientes que c'était souvent leur unique et précieux gagne-pain.

 

La dentelle aux fuseaux consiste à tisser et tresser des fils, manuellement pour réaliser des pièces fines telles que les :

    Mouchoirs

    Napperons

    Rideaux

    Aubes religieuses

    Cols

    Pièces de forme...

 

 

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Même si l’origine de la dentelle est inconnue…certains auteurs considèrent le Velay comme le berceau de la dentelle.

D’après la légende, c’est en mars 1407 que la dentelle aux fuseaux aurait pris naissance au Puy-en-Velay. Une jeune brodeuse, Isabelle Mamour, aurait inventé la dentelle à l’occasion du Grand Jubilé du 25 mars 1407.

L’évêque, Elie de l’Estrange, lui aurait demandé de décorer le manteau de la Vierge Noire.

En cherchant pendant plus d’un mois à réaliser un ouvrage exceptionnel et des plus fins, elle a l’idée d’attacher à des épingles plusieurs navettes de fils.

Par l’entrelacement des fils maintenus par des épingles, elle obtint un tissu transparent et d’une finesse extrême. C’est ainsi que serait née la dentelle.

Certains prétendent aussi que pendant tout le Moyen-âge la ville du Puy, départ des chemins de saint Jacques de Compostelle, est devenue une grande ville de pèlerinage attirant des foules considérables : pèlerins, marchands et colporteurs.

Ce sont ces derniers qui, peut-être, auraient introduit la Dentelle en Velay et en auraient enseigné les rudiments.

 

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 Du Puy, de Venise ou de Calais, aux fuseaux ou au crochet, aux dessins géométriques ou en forme de fleurs, la dentelle se décline à l’infini. Symbole de luxe et d’un savoir-faire ancestral, la dentelle se compose de fils entrecroisés et de mailles très fine en lin, soie, coton mais aussi argent et or pour les tissus les plus luxueux. La dentelle serait avant tout flamande même si les Vénitiens revendiquent les premières créations au XVIème siècle à Burano. Quelle que soit sa filiation, la dentelle traverse les frontières et les époques pour le plus grand bonheur des couturiers. De Balenciaga à Valentino en passant par Pierre Balmain, la dentelle est indémodable.

En 1390, la dentelle fait déjà parler d’elle dans un traité entre Bruges et l’Angleterre. C’est cependant à la Renaissance que l’Italie sort son épingle du jeu. Très sophistiqués, les points de Venise et de Gênes séduisent les cours européennes. Encore appelée passementerie quelques années auparavant, le mot dentelle pour tissu “à petites dents” apparaît dans un inventaire royal, celui de la sœur de François Ier. La fabrication de la dentelle est encore 100% italienne.

C’est Colbert qui impulse l’ouverture des premières manufactures françaises au XVIIème siècle. Très vite, les dentelles du Nord rencontrent un franc succès : on s’arrache la dentelle blonde, fabriquée aux fuseaux avec de la soie et le point d’Alençon devient la référence. A côté du Nord-Pas de Calais actuel, la Haute-Loire se hisse en tête des régions françaises de production de dentelles.

La dentelle est originellement réservée à un usage strictement masculin. Il faut attendre le XVIIème siècle pour que les femmes commencent à la porter avant de s’en voir réservée entièrement l’usage au XIXème siècle par Napoléon Ier.

 On distingue pas moins cinq types de fabrication de dentelles, des dizaines de styles auxquels il faut ajouter les spécificités régionales.  Parmi les plus utilisées, la fabrication à l’aiguille et aux fuseaux demandent une minutie que seules les dentellières maîtrisent.

La dentelle à l’aiguille : la dentellière jette des fils de bâtis pour suivre les motifs dessinés sur un support papier ou un parchemin. Une fois cette tâche effectuée, on pouvait y rattacher les différents points, principalement point d’Alençon ou d’Angleterre, qui constituent la dentelle et retirer facilement les fils de bâtis.

 Pour la fabrication de la dentelle aux fuseaux, la dentellière devait travailler sur un métier dénommé carreau sur lequel étaient placé des fuseaux. Après avoir fixé des épingles à la tête des fuseaux et sur les points du dessin, elle croisait les fuseaux puis les changeait de place au fur et à mesure en effectuant une rotation entre le pouce et l’index. Les épingles étaient ainsi déplacées au fil du tissage pour s’attaquer à tous les points de dentelle. La dentelle dite blonde ou de Cluny sont de loin les dentelles aux fuseaux les plus connues.

 

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L'aventure de la dentelle du Puy

 

Vers 1860, on recensait 70 000 dentellières en Haute-Loire, pour une population de 300 000 habitants.

La dentelle était fabriquée à la main, le soir à la veillée, dans les fermes de Haute-Loire. Les dentellières travaillaient chez elles, maniant, agenouillées dans la paille, les fuseaux de bois sur leur carreau, sorte de coussin à armature de bois, rembourré de paille et protégé par une toile cirée. Les manufactures passaient commandes et fournissaient modèles et fils.

 Puis, la dentelle était vendue jusqu'en Australie et au Mexique : le Musée des manufactures de dentelles de Retournac témoigne de l'extraordinaire aventure de la dentelle du Puy.

À mi-côte du bourg de Retournac, entre la place du marché où se maintenait le contact avec deux à trois milles dentellières à domicile, et la gare d’où elle expédiait leur production, la manufacture Experton employait une soixantaine de personnes dans un sévère bâtiment industriel de pierre et de briques élevé en 1913. Flanqué d’une extension contemporaine dont les baies s’ouvrent sur la vallée de la Loire et le pays des Sucs, ce bâtiment abrite aujourd’hui le musée que surmonte un centre de documentation spécialisé.

Dans ce gros bourg, quelque 5 000 dentellières travaillaient pour huit fabriques de dentelles vers 1920. C'était alors l'apogée de cet artisanat d'art local qui a embelli tout au long du XIXe siècle les coiffes et les vêtements d'élégantes du monde entier. L'une de ces manufactures, "Auguste Experton et fils", a été rachetée en 1994 par la mairie de Retournac.

Le fonds de la société, 450 000 pièces, dont 100 000 modèles différents, était intact : 220 000 mètres de dentelle enroulée sur des rectangles de carton, 80 000 cartons piqués servant de modèles, 40 000 échantillons, 19 000 motifs ronds ou ovales à incruster sur des nappes ou des rideaux, 10 000 dessins sur calque, une tonne et demie de fil de lin...

Mobilier, matériel, chaîne opératoire, archives, documents textiles, arts décoratifs, dessins et cartons...composent un remarquable panorama de cet artisanat d'art de la dentelle.

 Ce sont les différents fonds des manufactures locales qui composent les très riches collections du musée abrité dans les locaux d'une ancienne fabrique de dentelles à la main. Sur 1 000 m² d'expositions et de démonstrations, le visiteur suit toutes les étapes de la fabrication, depuis les sources d'inspirations du créateur jusqu'à la réalisation du produit.

Voici l'ancienne manufacture de dentelle "Experton frère & Sœur" intacte à laquelle est adjointe une extension contemporaine totalement ouverte sur le paysage. C'est ici que commence notre visite.

 

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Dans l'atelier de la manufacture, des dessinateurs concevaient les modèles, et des ouvrières assemblaient les vêtements et le linge de table ou liturgique qui étaient expédiés d'abord à dos de mulets, puis en train et en bateau à travers l'Europe et dans le monde.

Dans le hall d’accueil, on est reçu par des dentellières qui abandonnent un instant leurs fuseaux pour délivrer le ticket d’entrée. Muni d’un livret/guide, on entame alors un parcours dans l’Histoire de la Dentelle, regroupant des tableaux et des créations contemporaines.

C’est au XVIIIe siècle que la Haute-Loire s’est lancée dans la fabrication de dentelle. Après la Révolution, la dentelle au fuseau prend une part importante dans la mode sur tous les continents ; les pièces réalisées pour les expositions universelles de la fin du XIXe siècle en témoignent.

 

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La visite peut commencer. La première chose que l'on peut admirer, c’est l’œuvre de Karine Proriol, « Entrelacs », un rideau de cocons et de dentelles. De longs fils blancs ponctués de cocons flottent et rythment la surface somme des notes de musique. Cette alternance fragile de cocons et de dentelle vient habiller l’espace et jouer avec la lumière.

 

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La première fenêtre est elle aussi habillée de dentelles et de cocons.

 

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La première salle qu’on visite est celle de l’histoire européenne des dentelles. Des tableaux anciens guident chronologiquement le visiteur. En commence en 1500, pour arriver à nos jours.

Vers 1550, les parties visibles du linge s’ornent de broderies, puis de broderies ajourées, créant ainsi les premières dentelles à l’aiguille, nommées « points coupés ». Hommes et femmes portent la dentelle au col et aux poignets.

La dentelle allie le plein et le vide, l’ombre et la lumière, l’opacité et la transparence. Elle apparaît au XVI° siècle, presque simultanément à Venise et  dans les Flandres, puis en Allemagne, en Angleterre, en France et devient rapidement un art décoratif européen. Dépense fastueuse pour les uns, industrie lucrative pour les autres, la dentelle suscite durant plusieurs siècles une guerre économique entre nations européennes.

D’abord considérée comme un ornement précieux porté par les hommes et les femmes, elle s’affine au XVIII° siècle et prend plus d’importance dans le costume féminin. Durant le XIX° siècle, elle est utilisée en grande quantité dans la mode et l’ameublement.

La production décline au XX° siècle, les efforts de relance ne seront efficaces que jusqu’à la fin de la première guerre mondiale.

La production mécanique, apparue dès le XIX° siècle, concurrence la dentelle main. En Haute-Loire, l’activité manuelle demeure relativement prospère jusque dans les années 1930, puis décroît lentement. Aujourd’hui, l’activité économique de la dentelle repose sur la production mécanique.

 

 

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Au XVI° siècle, un contrat d’apprentissage de 1608 atteste qu’il existait alors une pratique dentellière au Puy-en-Velay, suffisamment maîtrisée pour pouvoir être transmise. Les dessins sont diffusés par l’édition de livres de modèles à Paris, Cologne, Venise, Madrid, Strasbourg, etc. Les techniques sont partagées par des ouvrières ou des contrats d’apprentissage. Les matières premières telles que la soie viennent de Chine ou le lin de Pays-Bas. S’ouvre alors le commerce des dentelles par le biais des colporteurs et marchands sur les foires et dans les grands ports européens de Cadix, Marseille, Gênes,

 

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Alors que le gros point de Venise marque l’apogée de la dentelle italienne au XVII° siècle, partout en Europe, on se ruine pour acquérir ces coûteuses parures. Colbert, ministre de Louis XIV, créé des manufactures royales de dentelles (Aurillac, Le Quesnoy, Alençon) dans lesquelles il emploie des ouvrières d’Italie, des Flandres. Il propose alors la création d’une manufacture royale aux marchands du PUY. Ceux-ci refusent : « Si d’après le désir du Roi, on fabriquait des marchandises plus belles et plus solides, les prix deviendraient plus élevés et les marchands étrangers ne viendraient plus. Le monopole des manufactures royales dura dix ans et certaines villes devinrent des centres dentelliers prospères.

 

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L’Italie et la France se livraient une concurrence farouche. L’Italie développe des dentelles au lacet qui reprennent les mêmes compositions que le gros point, copié par les Flandres, la France et d’autres pays. A la fin du XVII° siècle la France, avec ses manufactures royales, parvient à affaiblir les centres dentelliers italiens : le point de France devient en quelques années, la coqueluche des cours princières européennes.

 

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Le dessin des dentelles « point de France » évolue pour donner le point de Sedan, particulièrement riche et exubérant. Au début du XVIIµµ° siècle, la dentelle des Flandres affirme sa qualité. Les dentelles de Bruxelles se singularisent, elles mettent en œuvre une technique de dentelle aux fuseaux à pièces rapportées. Ainsi, durant tout le XVIII° siècle, les dentelles flamandes concurrencent la France. Le commerce de ces dentelles européennes avec les Indes Occidentales (Amérique latine) est florissant.

 

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 Au XVII° siècle, la dentelle envahit robes et coiffures féminines et se réduit à des cravates et jabots sur le costume masculin. De nouveaux genres de dentelles apparaissent avec des fonds, des réseaux spécifiques entre les motifs. Ces fonds portent le nom des centres dentelliers qui les ont vus naitre : Alençon, Argentant, Valenciennes, Chantilly, Malines, etc. Mais ils sont bien souvent fabriqués en d’autres lieux. Le centre dentelier du Velay occupe une place importante par son nombre d’ouvrières et les quantités de dentelles produites. Les marchandises sont exportées par caravanes de mulet vers l’Espagne, les Flandres et l’Amérique latine. Les dessins de dentelles qui circulent alors ne sont pas très recherchés et ne présentent pas de réelle variété. Les ouvrières vendent leurs dentelles au marchand le plus offrant.

 

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La Révolution a porté un coup à la dentelle. La mode se tourne alors vers le néo-classicisme. Les influences grecques et romaines apportent les lignes élégantes et sobres aux robes pour lesquelles la présence de dentelle ne se justifie plus. Pendant trente ans, le conseil municipal du Puy-en Velay etle conseil général de la Haute-Loire tenteront en vain de maintenir l’activité en achetant notamment des dentelles à perte et en offrant du fil.

L’industrie se réorganisera sous l’impulsion de Théodore Falcon, à partir de 1830. Ce fabricant-dessinateur apportera de la créativité par la richesse et la diversité des dessins qu’il distribue lui-même à ses dentellières avec les conseils techniques nécessaires. Il propose des stages de perfectionnement aux ouvrières de sa fabrique et les récompense par des primes lorsqu’il obtient des prix aux expositions. En parallèle, il offre au musée du Puy sa collection personnelle de dentelles anciennes afin de créer une galerie, vitrine de la fabrique et source d’inspiration des dessinateurs.

 

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 De 1850 à 1880, l’industrie de luxe redémarre en France et dans toute l’Europe. C’est un nouvel âge d’or. Des techniques nouvelles apparaissent en dentelle à l’aiguille comme en dentelle aux fuseaux ; point de gaze, Honiton, Duchesse, guipure du Velay de Mirecourt, etc. D’autres cherchent à imiter les dentelles à la mode : crochet d’Irlande, Carrickmacross, etc. Le commerce est florissant et les dentelles s’exportent ders les Amériques et les empires coloniaux français et britanniques. Le Second Empire est un âge d’or pour la dentelle qui est devenue d’un usage presque exclusivement féminin. Avec la mode de la crinoline, les longueurs utilisées sont très importantes. La dentelle gagne les accessoires tels que châles ombrelles gants, éventails. Les expositions universelles deviennent de prestigieuses vitrines de l’industrie dentellière dans lesquelles les fabricants présentent des pièces exceptionnelles.

 

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La copie de dentelles anciennes se développe au cours de la seconde moitié du XIX° siècle. L’exposition universelle de 1878 à Paris semble être une date dominante : d’importantes pièces anciennes des musées et collections privées sont exposées. Les entreprises et les écoles présentent des copies. Ce mouvement dure depuis plusieurs décennies et touche également les ouvrages de modèles de dentelles et broderies du XVI° siècle, qui sont alors rééditées.

 

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Suivant l’exemple de Théodore Falcon, les fabricants veulent perfectionner leur travail. Ils se rapprochent des dentellières, contrôlent la qualité de la marchandise produite et font appel à des dessinateurs. Le besoin de protection des modèles se fait sentir et le conseil des prud’hommes ouvre ses portes au Puy-en-Velay en 1844. Dans les années 1850-1860, cette nouvelle organisation mène la fabrique à son apogée, avec une explosion du nombre de fabricants aussi bien au Puy que dans les centres secondaires tels que Craponne, Arlanc, Retournac.

 

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 Diminuer les coûts de fabrication des produits textiles motive depuis des siècles les perfectionnements de la mécanisation. Les premiers essais de métiers mécaniques remontent au XVIII° siècle. Des métiers à tulle apparus en Angleterre, se répandent en France, autour de Calais, dès 1807. L’adaptation du système Jacquard sur le métier Leavers vers 1833 permet un véritable essor de la dentelle mécanique. Les guipures chimiques se développent en Suisse, à Saint-Gall et en Saxe à Plauen. En Haute-Loire, les premiers métiers circulaires à dentelle aux fuseaux mécaniques arrivent vers 1902.

L’essor des métiers mécaniques entraîne en Haute-Loire une crispation autour de la dentelle à la main. Les folkloristes définissent un type de la dentellière vellave, stéréotype de l’ouvrière (costume, bijoux, matériel) qui devient indissociable du produit fabriqué. Les marchands s’emparent de cette image pour légitimer la valeur traditionnelle de la dentelle à la main, la condamnant à l’immobilisme.

Aujourd’hui, la pratique reste amateure. Cette activité de loisirs est internationale. Elle a démarré en France à partir des années 1970 à partir du Puy-en-Velay. Des centaines de clubs à travers le monde maintiennent et font évoluer a technique. La dentelle reste un élément très présent dans la mode féminine. La dentelle mécanique fournit généralement les créateurs, même si celle à la main est parfois utilisée. Toutefois, parmi de nombreux artistes qui travaillent le textile, certains utilisent la technique de la dentelle à la main.

 

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J’arrête là ce billet, un des plus longs que j’ai jamais fait.

Nous venons de traverser la première salle, il en reste d’autres à visiter dans de prochains messages.

J’ai conscience d’avoir été longue, mais ces dentelles ne méritent pas la médiocrité. Il leur fallait un écrin pour s’expliquer.

Je vais essayer d’être moins longue les prochaine fois.

 

Bisettes en dentelles

 

 

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11 août 2021

Retournac

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Petit retour en arrière pour parler de Retournac, une petite ville de Haute-Loire, à deux heures de route de chez moi, soit une centaine de kilomètres. Beaucoup de petites routes à virages, ce qui explique le temps de route...

 

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Sur le trajet, j'ai vu de beaux paysages, de belles maisons.

 

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Puis, je suis arrivée à destination.

 

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On y accède en traversant un joli pont surplombant la Loire. Cela m’a fait tout drôle de la voir si grosse, moi qui connait sa source, en Ardèche, un simple filet d’eau sortant de la montagne…

Sur son territoire s'élèvent de nombreux sucs, petits sommets volcaniques caractéristiques de la région du Velay.

 Un plan cadastral datant de 1830 permet de constater que, malgré sa position avantageuse sur la Loire, il n'y avait pas de pont à Retournac à cette époque, mais seulement deux bacs. Il fallait alors remonter le fleuve jusqu'à Chamalières pour en trouver un. Le passage s'effectuait donc à gué, en barque ou en bac, jusqu'à la construction du premier pont suspendu en 1838.

 Au XIIIe siècle, le bourg aurait été clos de murailles et cerné de fossés.

Au début du XIXe siècle, la population de la commune se situait entre 3 500 et 4 000 habitants, avec moins de 1 000 personnes dans le bourg.

La municipalité connait son apogée économique au XIXe et XXe siècle. En bord de Loire se trouvaient cinq ateliers de fabrication de barques en 1828.

 

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Le premier jour, je me suis contenté de traverser, afin de rejoindre mon gîte. Sur la route, j'ai même vu un lama qui tenait compagnie à deux ânes.

 

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Le petit hameau de La Brousse, où j'ai posé mes valises.

 

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Puis, je suis retournée visiter la ville qui cache de jolis endroits, et des choses derrière les fenêtres.

 

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On est au pays des dentellières, et on voit de bien jolis rideaux par endroits.

 

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On arrive sur la place de la République où trône un joli coq coloré, au-dessus du monument aux morts.

 

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Ici se trouve l'église romane date du XIIe siècle, mais elle est connue (paroisse de Saint-Jean-Baptiste) depuis les années 990, inscrite sur le cartulaire de Chamalières17 (à la fin du XIe siècle et au XIIe siècle, de nombreuses donations dans le village de Retournac sont faites à l'abbaye de Chamalières). Le bourg va rester jusqu'à la Révolution une co-seigneurerie entre l'évêque du Puy et la baronnie de Roche-en-Régnier18.

 

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Elle est classée "Monument historique" depuis 1907. Son abside est particulièrement notable pour son chœur tréflé muni de deux absidioles mais dépourvu de déambulatoire : il contiendrait une petite crypte aujourd'hui obstruée. La tour carrée et les trous de boulin au sommet du clocher permettent de supposer un usage défensif comme tour de guet. Malgré toutes les transformations vécues, la collégiale se distingue par un ensemble à la fois modeste, noble et fort, dans lequel le visiteur apprécie la délicatesse des profils et la couleur ocre jaune lumineuse. Cette église possède de splendides vitraux contemporains créés et réalisés par Henri Guérin, maître verrier à Toulouse. C'est une œuvre unique réalisée sur 40 ans (1966-2006). L'éclatement de la dalle de verre dans son épaisseur donne les nuances de couleurs. Un des vitraux rend hommage aux dentelières de Retournac.

 

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En sortant de l'église, j'ai continué à flâner dans les rues, prenant des détails de ci, de là.

 

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Je ne suis pas venue ici sans raison. A Retournac, il s'est développé une industrie dentellière et de tissage, des dizaines de manufactures étant actives, la dernière ayannt fermé ses portes dans les années 1990. Quelques édifices portent encore ce souvenir, en particulier les bâtiments d’une ancienne usine, la Filature, aujourd'hui réhabilitée en maison des associations, avec un espace scénique à vocation culturelle et une plate-forme de plus de 700 m² de bureaux, ainsi que deux manufactures de dentelles, aujourd'hui réaménagées en musée26 et en médiathèque.

 

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Un parapentiste volait au-dessus de la fabrique, je l'ai immortalisé.

 

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Maintenant, vous savez pourquoi j'ai choisi ce petit coin de Haute-Loire. La dentelle ! Et son musée, situé en centre-ville, que je vous ferai découvrir la prochaine fois...

 

Gros poutous

 

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7 août 2021

Yssingeaux

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Tout en brocantant, j’ai visité la ville d’Yssingeaux qui recèle de bien jolis bâtiments.

 Parmi les sites patrimoniaux à ne pas manquer, on citera l'ancienne halle aux grains du XIXe siècle dite "Grenette", édifiée en 1828, dotée d'une architecture originale. Au fil du temps, elle abrita successivement une école, un détachement de gendarmerie à cheval, une salle des fêtes, une caserne de sapeurs-pompiers, les bureaux de fonctionnaires des finances, la bascule des poids publics. Restaurée et modernisée, elle est aujourd’hui un haut lieu culturel avec bibliothèque, médiathèque, cinéma, hall d’exposition.

 

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L’église Saint Pierre, construite entre 1819 et 1827, est dédiée au patron de la ville, Saint-Pierre, est un autre point phare de la cité : elle recèle de peintures remarquables classées pour la plupart "monuments historiques" et attribuées à des artistes reconnus pour l’époque comme le flamand Gérard Honthorst, et des copistes réputés tels Sigalon, Corbet, Balze. Je n'ai pas pu explorer l'intérieur, une messe s'y déroulait, je n'ai pas dérangé.

 

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A côté se trouve le bâtiment qui m’a le plus plu. L’ancienne résidence d’été des évêques

Au XVème siècle, Mgr. Jean de Bourbon, évêque du Puy-en-Velay, fit édifier une forteresse : elle servait de résidence d’été aux prélats. Devenu hôtel de ville avec sa tour de l’horloge édifiée en 1850, la bâtisse fut détruite par un terrible incendie en février 1888, puis endommagée encore par deux autres sinistres en 1898 et à l’arrivée de l’électricité en 1905.

 

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En face, d'anciens bâtiments, restaurés en logements.

 

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Après avoir longé ces deux édifices, on se trouve sur la place de l’Hôtel de ville avec sa jolie fontaine.

 

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Continuer à flâner dans la ville, Au hasard des rues, trouver de petits sanctuaires et oratoires, des maisons pittoresques.

 

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La chapelle des Pénitents aux voûtes romanes, dont l'origine remonte aux années 1150 : à la demande du roi et avec l’aide du Comte du Velay et de l’évêque du Puy, les Chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem avaient édifié un "refuge" pour les pèlerins qui se rendaient dans la cité mariale. L’histoire de cet édifice cultuel, qui fut un temps église paroissiale, est liée au passé de l’hospice. Mais la chapelle, qui se distingue par ses voûtes romanes et une atmosphère propice au recueillement, deviendra celle des Pénitents peu après la fondation de la Confrérie locale en 1629, un ordre disparu il y a une cinquantaine d’années.

 

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Puis, terminer la balade, et admirer les anciennes devantures de magasins restées en l'état.

 

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Puis, rejoindre la voiture, en regardant les sucs belvédères. Ressources patrimoniales, les sucs sont de véritables belvédères : il faut s’élever jusqu’au sommet de Saussac où des fouilles ont permis de confirmer certains pans de l’histoire d’Yssingeaux, pour apprécier une vision aérienne de sa région. Du phare de Saint-Roch à deux pas du centre-ville, la lecture est facilitée par deux tables d’orientation. Et du haut des Ollières, la vision est tout aussi appréciable. Suc d’Antreuil, d’Alauze, d’Achon, Montaigu, ou de Bellecombe, la plupart sont aisément accessibles, y compris en famille. Des circuits touristiques sont d’ailleurs proposés qui débordent parfois les limites de la commune vers le suc d’Eyme, le massif du Meygal et son mythique Testavoyre, sans oublier le Lizieux…

 

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Extra muros, les maisons d’assemblée comme on les appelle encore, sont les repères les plus caractéristiques d’Yssingeaux. Elles ont été édifiées à partir de la fin du XVIIème siècle pour abriter les « béates » : c’est ainsi que l’on baptisait familièrement les « demoiselles de l’instruction » dites encore « petites sœurs des campagnes ». Mi-religieuses, mi-enseignantes, elles ont œuvré jusqu’à la moitié du XXème siècle : auprès des malades et des vieillards, mais aussi et surtout en faveur des jeunes paysannes, à qui elles apprenaient à lire, à chanter, à écrire, sans oublier le catéchisme. La maison de béate construite en pierre, en bois et lauze, était généralement équipée d’un clocheton : le rez-de-chaussée servait de lieu de classes ou de réunions et l’étage d’habitation. Beaucoup ont été conservées et restaurées, et sont utilisées par la population villageoise pour des rencontres et des veillées.

 

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Ici se termine la visite d'Yssingeaux qui m'a bien plu. J'espère qu'il en est de même pour vous. Je vous laisse pour le moment sur ce morceau d'histoire de notre patrimoine. J'espère ne pas avoir été trop indigeste dans mes explications, mais quand je vais quelque part, j'aime à m'instruire sur l'endroit et à partager...

Doux bisous

 

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