L'école du vent 2
Revenons à l'école du vent de Saint Clément.
Nous arrivons maintenant dans le jardin du vent.
Face aux vicissitudes du vent, on nous montre comment les animaux et la végétation s'en protègent.
La fourrure constituée de poils si nombreux qu'ils emprisonnent une ocuche d'air contre la peau de l'animal. Cette couche va se réchauffer au contact de l'animal et va l'empêcher de se refroidir. De nombreux animaux prennent une fourrure plus dense en hiver pour cette raison.
Le duvet des oiseaux. Pour se protéger du vent, certains oiseaux augmentent leur plumage pendant l'hiver. Les plumes de couverture plus résistantes et lisses font barrage au vent tandis que le duvet du dessous donne du volume pour emmagasiner de l'air et réchauffer l'animal.
Les poils de l'anémone pulsatile. Elle ne craint ni le froid hivernal, ni la sécheresse. Elle résiste au gel à l'aide de son doux duvet de poils qui lui confère une couche d'isolant, bien utile en montagne où on la retrouve communément.
Les champignons que l'on croit souvent passifs, savent créer de faibles courants d'air pour propager leurs spores et assurer ainsi leur reproduction. Le pleurote et le lentin du chêne libèrent de la vapeur d'eau pour refroidir et humidifier l'air qui les entoure, cela crée des différences de température et donc un déplacement d'air.
La nature s'adapte aux vents. Les arbres suivent sa courbe et grandissent en fonction d'elle.
Dotés d'os creux pour alléger leur squelette, de muscles puissants pour activer leurs ailes, de plumes pour favoriser le décollage et la portance dans l'air, les oiseaux possèdent une anatomie en faveur du vol. Pour répondre à leurs besoins énergétiques importants, leur coeur est volumineux, leurs systèmes respiratoire et digestif performants et leur métabolisme plus élevé que celui des autres vertébrés.
Montons sur le tabouret pour voir ce qu'il y a dans ce drôle de lampadaire. Il faut le faire tourner et on voit un oiseau en vol. Ici, on découvre les ailes déployées de différents oiseaux, dont le verdier d'Europe, le martinet noir, le canard colvert, la chouette effraie, le grand corbeau, la cigogne, l'albatros hurleur, le milan royal.
Nous arrivons dans la culture du vent, et principalement de celui qui souffle le plus souvent ici, je parle de la burle.
Omniprésent sur le plateau, le vent fait partie du quotidien. Tantôt redoutable dans son expression la plus appréhendée à travers la burle. Il est aussi ce vent fripon, canaille ou bienvenu selon les circonstances. Une chose est sûre, il fait partie du patrimoine et il faut composer avec. On lui reconnait des vertus comme le séchage à foin à même les prés qui participent à la saveur du fin gras du Mézenc. Là, on l'apprivoise avec quelques éoliennes qui participent à l'autonomie de la région en matière énergétique. Ici encore on se joue des courants d'air en s'élevant dans les airs à l'aide d'un parapente. Et puis, associé à l'imaginaire, le vent est aussi source de développement du pays. En témoigne l'école du vent.
Pénétrons dans la cabane de la burle. Une radio ancienne nous en parle, expliquant la rudesse de l'hiver avec ce vent tournant qui crée des congères pendant l'hiver. A l'aide d'une manivelle, on peut faire envoler les billes de polystyrène comme si c'était la burle qui déplace la neige. On y voit des barrières anti-congères qui sont destinées à lutter contre les amoncellements de neige, provoqués par le vent. Judicieusement placées, elles retiennent la neige et évitent son accumulation trop importante sur les routes. Elles font partie du paysage.
Comme je vous l'ai déjà expliqué dans un de mes précédents billets, les habitants se sont adaptés et ont appris à se protéger du froid. Les anciens aménageaient leur habitat en fonction du vent, guettant son orientation avant de couper le bois, sortir les bêtes, de faire du fromage. Aujourd'hui encore, lorsque la burle souffle fort, pas question de mettre le nez dehors. C'est une question de savoir vivre avec les éléments.
La maison est conçue pour résister. Toitures lourdes, en lauze, sans débord de toit pour ne pas offrir de prise au vent. Ouvertures réduites, système de doubles fenêtres sans volets extérieurs car ils claquent au vent. Maisons situées à l'abri du vent dominant, à flanc de coteau ou sous une butte, parfois en partie enterrée. Les murs peuvent faire jusqu'à un mètre soixante-dix d'épaisseur. Un sas d'entrée, nommé arcasse, donne sur l'étable, c'est souvent l'unique entrée de la maison.
Ce type d'architecture est fait pour défier les siècles... on dit "Qué bien lauza per cent ans là pausa" (qui bien lauze, pour cent ans pose).
Une télévision nous montre l'hiver sous la burle.
Un ouverture se montre à nous, on y voit projeté aux murs et au sol un paysage vu d'en haut. C'est ce que l'on voit quand on essaie les ailes, à l'étage supérieur (billet précédent), ainsi on a vraiment l'impression de voler.
Ici, nous sommes invités à se laisser inspirer par le vent, à prendre une plume d'oiseau et la plonger dans l'encrier afin d'écrire un poème, dessiner... et ensuite à faire sécher notre oeuvre sur la corde prévue à cet effet.
Cela fait, avançons maintenant jusqu'au poste de pilotage du chalair.
Le peuple du vent, appelé volateurs, fut un magnifique et insatiable créateur de machines volantes. Le Chalair dont on découvre ici la reconstitution du poste de pilotage en est une des plus remarquables. Sachez que cet imposant véhicule à fond plat servait à transporter les habitants, les bêtes et les marchandises. De vallée en vallée, l'engin se déplaçait comme sur des nuages de fines gouttelettes de vapeur d'eau. Tentons à notre tour d'activer manettes, manivelles et levier pour ressentir comment pouvait être la conduite de cet étrange bateau volant.
Nous émergeons dans un univers magique en étant plongé dans celui de Jules Verne, de Léonard de Vinci, un film de science-fiction; où l'on peut conjuguer l'apprentissage du jeu et jongler entre la science et l'imagination, passer du réalisme à la poésie.
Une dernière salle, derrière le poste de pilotage, nous expose les peuples du vent.
L'homme a su apprivoiser le vent. Partout dans le monde, il s'en inspire, il le contourne et l'utilise pour construire sa maison, pour se déplacer, ou pour des usages plus surprenants. De nombreux exemples illustrent cette relation particulière. Le cerf-volant, le moucharabieh, le piège à vent, le four à vent, le voilier, l'éolienne de pompage.
Une dernière leçon de pilotage prise, il est temps pour moi de quitter ce lieu.
Merci Professeur Bartavelle pour cette belle leçon sur le vent !
NB : une bartavelle est une perdrix, mais en patois d'ici cela signifie surtout une personne qui aime bavarder, papoter, une commère, une pipelette...
Ce musée est entouré de sentiers de randonnées jalonnés par des oeuvres artistiques, d'aire de pique- nique et un circuit : la virée au pays du vent à faire en solo, en duo, en famille ou entre amis, une journée sur les traces du Peuple du vent. Bande audio et carnet de terrain en poche, partez à la découverte du massif du Mézenc. Sculptures mécaniques, balades et points de vue panoramiques rythment les haltes. La Virée au Pays du peuple du vent est un circuit sur réservation.
Il abrite aussi à certaines dates des ateliers, des sorties nature, des veillées, des randonnées poétiques, des spectacles vivants (comme fabriquer un cerf-volant, un autel à insectes, vivre comme un trappeur, observer des météorites...) et des expositions d'oeuvres artisanales. Il enchante petits et grands. Tout est prévu, même un ascenseur pour les fauteuils roulants.
Je sais c'était long, j'espère que je n'en n'ai pas trop perdu(e)s en cours de route. Mais j'ai tellement aimé ce côté décalé que j'ai fait beaucoup de photos et je me suis peut-être laissée un peu déborder...
Ici s'achève le récit de mes vacances d'été 2023. Je n'ai pas fait que visiter, je me suis aussi reposée et j'ai beaucoup écrit.
Il est temps de passer à autre chose.
Bisous tout plein !