Le mystérieux carré magique ou Sator
Suite à mon billet d’hier, vous avez été plusieurs à me demander des explications sur le carré magique que l’on trouve dans la cours du Temple de Diane, à Aiguilhe.
Lors de travaux de réfection de la chapelle Saint-Michel menés en 1851, le peintre restaurateur Anatol d’Auvergne réalisait une étonnante découverte. Sous l’enduit à la chaux de 1823, dans l’embrasure de la fenêtre sud de la tribune de la chapelle, il retrouvait un curieux carré en plâtre.
Un petit carré d'une dizaine de centimètres de côté, en plusieurs morceaux. Dessus, deux mots restaient lisibles : « rotas » et « opera ». Il n'en fallait pas plus pour l'identifier : il s'agissait d'un « carré magique » ou « carré Sator ».
Des carrés comme celui-ci, ont été retrouvés dans différents sites à travers le monde : à Pompéi, en Syrie… Ils sont composés de cinq mots de cinq lettres (sator, rotas, tenet, opera, arepo) dont la particularité est de pouvoir se lire chacun quatre fois dans différents sens : de bas en haut ou de gauche à droite. Partout, la présence de ce carré magique a été interprétée comme un signe de reconnaissance des chrétiens dans les temps plus reculés où ils étaient persécutés. Pour Sébastien Falcon : « Je reste sur cette notion que le carré était un signe d'appartenance au christianisme au temps des persécutions ».
Dans son livre Le Puy, haut lieu ésotérique, Jacques Derdérian explique que « l'Antiquité et le Moyen âge utilisaient ces carrés magiques et leur attribuaient quelques significations secrètes. Il a toujours conservé ce caractère magique et mystérieux et, bien que rien ne permette de l'affirmer, il est tentant d'imaginer que notre bon chanoine troyen (le chanoine Truannus qui fit ériger la chapelle) l'ait lui-même dessiné afin de laisser, pour qui sait lire les symboles, la clé des mystères des labyrinthes et pourquoi pas des pèlerinages qui sont une forme, à grande échelle, d'un jeu de l'oie initiatique ».
Depuis 1891, peu de gens le savent, le « carré Sator » découvert à la chapelle Saint-Michel, est conservé dans les collections du musée Crozatier au Puy-en- Velay. Une reconstitution d'un carré magique a été faite sur le sol de la place du temple de Diane à Aiguilhe pour visualiser les cinq mots de cinq lettres qui le composent.
Pour plus de lisibilité, voici ce que Wikipedia nous en dit :
Le carré est composé des cinq mots suivants :
Sator : laboureur, planteur, semeur ; ou métaphoriquement créateur, père, auteur (au nominatif : c'est donc le sujet);
Arepo : signification inconnue en latin, toutefois ce mot en langue gauloise signifie « charrue » 2 (cas inconnu, peut-être ablatif singulier : complément circonstanciel de moyen) ;
Tenet : [il/elle] tient (du verbe tenere) ; ou il tient en son pouvoir, voire maintient (3e personne du présent) ;
Opera : œuvre, travail, soin (ablatif singulier : complément circonstanciel de manière) ;
Rotas : roues ou rotation, orbite, révolution, cycle (accusatif pluriel : c'est le COD) .
Le mot Arepo est un hapax : il n’apparaît nulle part ailleurs dans la littérature latine. Il est probable qu’il s’agisse d’un nom propre, éventuellement inventé pour faire fonctionner le palindrome. Sa similitude avec arrepo, venant de ad repo, « je rampe vers », est probablement une coïncidence.
Il n'est pas certain que la phrase ait réellement un sens en latin. La traduction la plus probable serait : « Le laboureur Arepo dirige les roues (c’est-à-dire une charrue) avec adresse. » Est également possible : « Le semeur tient avec soin les roues (de sa charrue). » Une autre cependant, plus proche de la mystique du carré magique, surtout si on la rapproche des premiers chrétiens, pourrait être, si l'on tient compte de la similitude entre arepo et arrepo — qui signifie également et entre autres « être terre à terre » (selon dictionnaire Gaffiot) — : « le créateur, par son caractère terre à terre, maintient l’œuvre de rotation ». Moult interprétations sont possibles si l'on sort du strict contexte « laboureur » et « roue ». Comme c'est un carré magique, il y a autant d'interprétations que de sens de lecture, ce que la langue latine favorise naturellement.
Si la phrase est lue en boustrophédon, la place des mots change mais la traduction reste la même, car l’ordre des mots dans la phrase est très libre en latin. Néanmoins, la place des mots indique les accents mis sur l'importance de tel ou tel mot. Sator étant le premier mot, cela indique que celui-ci est essentiel ; de même que tenet, vu la place centrale, et que rotas, puisque c'est le dernier mot qui reste en mémoire.
Le plus ancien carré connu se trouve dans les ruines de Pompéi où il fut enfoui en 79.
Il en existe une quinzaine en France.
Voilà, j'espère que cela aura répondu à votre questionnement.
Belle soirée